Utilisateur:Benammar Christian

 [[Catégorie:  COMMANDANT  BENAMMAR  Ahmed ben Si Miliani. Autobiographie .

                               Mon père est né le 27/12/1902 à Laghouat , oasis du sud algérien qualifiée de porte du  désert, en bordure du plus grand gisement de gaz du monde de Hassi R‘Mell, territoires militaires du sud  algérien, distincts alors des trois départements français du nord algérien .
Il est décédé  à Metz en 1968,  percuté par une voiture conduite par un jeune sans permis à quelques mètres de l’entrée du cimetière familial de Moulins les Metz.

Orphelin de père et de mère à l’adolescence, il était l’aîné d’une sœur Khedija et de deux frères, Mohamed,  adjudant dans les spahis, brillant cavalier formé à Compiègne après la 1ère guerre mondiale, et Bachir, militaire intermittent, fougueux combattant, champion imbattable du coup de tète.  

         Il s'était vieilli de deux ans(l'Etat civil de Laghouat n'a été créé qu'en 1927) pour s'engager parmi les volontaires de 1914-18. Sa vie et sa carrière furent celles d’un officier français exemplaire engagé dans les grands conflits armés de la France du 20ème siècle. 
    Il avait gagné au mérite et à la valeur ses grades d'Officier supérieur, Commandant, Chef de bataillon et ses nombreuses décorations militaires : Médaille du combattant volontaire,  Médaillé militaire, citations au combat, Croix de guerre, Médaillé du Levant, Officier du Ouissam alaouite, Officier de la Légion d’honneur... et, hélas, pour finir en 1953, invalide militaire à plus de 100%. 

C’était un seigneur de la force morale, d’une rectitude totale, qui rendait les autres, insignifiants à côté de lui.

                             Sa carrière avait été interrompue brutalement après d’incessantes campagnes militaires : la guerre 14-18, le Levant en 1920-21, la ligne Maginot, le chemin des Crêtes des Vosges, le Liban et la Syrie en 1940-41, la guerre 39-45, le blocus de Berlin et l’occupation en Allemagne à Trèves et Coblence (TOA puis FFA) jusqu’au départ, en 53, de son régiment qui occupa la position Gabrielle (5/7 RTA) du camp retranché de Dien Bien Phu . 
                               
                             Mis à la retraite d’office en 1956, après 3 ans de soins intensifs en sanatorium, mon père perdait  toute chance d’accéder au grade de Colonel, comme ses amis le Commandant Mered devenu Colonel ou le Capitaine Rafa, un ami proche à Trèves et le Colonel Costantini, son chef, à Coblence, devenus tous deux généraux. Quelques années  plus tard, il refusa, en 1959, au motif tactique de sa santé,  une fonction sénatoriale au Palais du Luxembourg, où je l’avais accompagné à deux reprises, préférant ne pas entrer dans une vie politique algérienne qu’il désapprouvait. Debré voulait l’honorer. 

                Il avait une vénération déclarée pour son père Si Miliani, un saint homme pieux, noble, fier et ascète, comme seul le sud traditionnel  peut les produire, et il gardait une grande reconnaissance  pour son instituteur Dumas qui lui avait ouvert les yeux (trop?) sur la souffrance de la France brisée par les allemands en 1870  et pour ses idéaux de paix et de liberté . Mais il me racontait avec une fierté nostalgique appuyée que Laghouat était la seule ville d’Algérie où un général français avait été tué lors de la conquête et la mise à sac impitoyable de la ville  par l’armée française, en 1852.  

             Lettré en arabe et lecteur assidu du Monde et de Mauriac, il était en français, un autodidacte cultivé. Livres et journaux circulaient librement dans la maison. Il me faisait aussi sentir, que l’éducation ne posait pas la question qu’elle soit militaire ou émane de l’autorité d’un père musulman, très sévères l’une et l’autre, mais pour quelle finalité elle devait se déployer. 
               Pour lui qui avait mené durement ses soldats au combat, les soldats musulmans étaient sacrés. Il les savait fiers, volontaires et courageux et surtout prêts au sacrifice si les chefs étaient aussi fiers, volontaires et courageux au combat.]]