Tout d'abord, l'hégémonie de quelques grosses plateformes a précipité la disparition d'un certain nombre de pages personnelles, comme nous le relations ici en 2023.
Ensuite une concentration des acteurs commerciaux a également lieu (voir notre série en 4 épisodes entre 2018 et 2021 sur le sujet : 1, 2, 3 ,4)
Il y a encore la sclérose de certaines associations comme évoqué ici en 2022
Mais le phénomène est plus large que cela. Selon les données du Real Time Statistics Project, le nombre de sites Internet en ligne a été multiplié par dix entre 2008 et 2017, passant de 172 millions à plus d’1,7 milliard. Mais selon une étude du Pew Research Center, le pic a été passé et désormais nous sommes entrés dans une ère de « dégradation numérique », qui se traduit par la disparition de 38 % des pages web qui existaient il y a une décennie ! Quelques chiffres effarants mentionnés par cette étude
- 21 % des pages officielles comportent au moins un lien inaccessible.
- Sur Wikipedia, plus de la moitié (54 %) des références renvoient vers des pages qui n’existent désormais plus.
- Près d’un cinquième (18 %) des tweets publiés ont disparu en à peine quelques mois.
Beaucoup de sites font une analyse des visites et en concluent que lorsqu’une page cesse d’être visitée, elle perd la raison de son existence. De là à la supprimer il n'y a qu'un pas qui est souvent vite franchi. Heureusement il existe encore des archives d'Internet mais là aussi comme nous vous en informions il y a quelques mois, la tendance est à leur disparition. En Chine la situation est encore pire, comme nous le relate le média Le Grand Continent. Le web chinois change car ses contenus sont désormais davantage produits et consommés depuis des téléphones. Presque toutes les archives des sites web chinois qui étaient populaires entre 1998 et 2005 ont disparu. Un grand nombre de contenus sur des sites web personnels ont également disparu sur une période ancienne, et la plupart des sites web ont même disparu pour toutes les périodes. De même peu après la dissolution de l’ex-Yougoslavie, tous les contenus web hébergés sous le nom de domaine international « .yu » ont disparu.
Les moteurs de recherche eux aussi limitent les réponses proposées. Malgré un affichage apparent de plusieurs millions de réponses, il devient impossible d'afficher plus d'une dizaine de pages, comme le montre cette vidéo
Ce n'est même pas une volonté de ré-écrire l'histoire comme le fait le Ministère de la Vérité dans 1984 de George Orwell mais le danger est que si une telle volonté émergeait, le travail serait grandement facilité par cette disparition prématurée des sources.
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